Photo Courrèges
Une seconde main très spéciale : le
Dissipons dès maintenant tout doute possible. Il ne s’agit en aucun cas dans cet article de faire la morale à qui que ce soit en le pointant du doigt ou en le culpabilisant pour ses habitudes de consommation.
Il ne s’agit pas non plus de dresser devant vous le statut édifiant de l’impact de l’industrie de la mode sur l’environnement. Nombre d’articles se sont déjà spécialisés dans cette mission, n’hésitant pas à nous inonder de chiffres qui finissent par perdre leur sens et parfois même leur valeur.
Non, ici il ne s’agit en rien de pessimisme ou de négativisme. Il s’agit au contraire de parler de beauté, de qualité et de vérité.
Cet article est une ôde au vintage, à la mode et à son histoire, à tout ce qu’elle porte de si merveilleux dans son passé qu’il lui existe toujours un avenir.
Différents niveaux dans la seconde-main
Pour beaucoup, la seconde-main est un moyen de participer à une mode plus circulaire, consommer plus responsablement et aussi moins cher. Elle peut également être l’opportunité pour un plus grand nombre d’accéder à des pièces autrement inaccessibles, car trop chères, trop rares. Pourtant, par leur qualité exceptionnelle, ces pièces ont su résister aux épreuves du temps, aux aléas de la vie jusqu’à l’accomplissement de leur destin : voyager entre plusieurs mains. Parce que l’habit ne fait pas le moine mais que vous, vous incarnez l’habit, nul n’est interdit d’écrire l’histoire d’un vêtement qui lui parle et qui le rendra unique.
Pour tout cela, et par amour de la mode, nous avons construit Lysis avec la volonté de mettre à l’honneur la seconde-main qui a une âme.
Cependant, au-delà des bienfaits évidents de la circularité, chez Lysis, nous croyons fermement que tout ce qu’on appelle seconde-main n’est pas équivalent.
La seconde-main de mode “poubelle”
Prenons pour commencer l’exemple de la seconde-main telle qu’elle est promue aujourd’hui par de nombreuses plateformes dont nous tairons le nom. J’achète un vêtement aujourd’hui, je le revends demain. Combien de vêtements “neufs” peut-on y trouver? N’est-on pas ici davantage en présence d’une expérience commerciale que d’une véritable volonté de faire vivre le vêtement ?
Dans une certaine mesure, ce genre de plateformes de revente fonctionnent comme l’arrière-boutique des grandes enseignes et gèrent les retours à leur place. Ainsi, si chaque consommateur sait qu’il pourra revendre facilement sa pièce, qu’importe qu’il l’ait portée une, deux, trois fois, ou jamais, il devient alors légitime de se demander dans quelle mesure cela encourage la consommation de fast fashion (et la consommation compulsive tout court d’ailleurs). Alors apparaît clairement la limite de la seconde-main comme mode de consommation dit « responsable ».
Sans pour autant diaboliser ce genre de plateformes qui ont par ailleurs joué un rôle majeur dans la démocratisation de la seconde-main de mode, nous ne pouvons que déplorer qu’elles ne participent pas à promouvoir la valeur intrinsèque d’un vêtement à travers la qualité de son matériau, et son origine.
La seconde-main de mode sans âme
Cependant, nous estimons que ce genre d’expérience demeure incomplète. Bien souvent chronophage et décourageante, elle banalise et perd ce qui fait l’essence même de la véritable mode : sa superbe. Parce que la mode raconte l’histoire d’une époque, d’une vision du monde à travers une forme, une coupe, un imprimé ou une couleur qui devient ensuite tellement personnelle et intime. Parce qu’au-delà de l’acquisition d’une pièce, accéder à la mode revient avant tout à choisir sa mode. Or, pour choisir, il faut comprendre. Comment peut-on comprendre un produit dont on ignore les origines ? Dont on ignore le contexte de création, la philosophie du créateur, la substance ? Dont on ignore tout simplement l’histoire.
Etre indifférent à tout cela, c’est faire le choix de l’anti-mode, de l’anti-luxe.Sans inspiration, sans visuel, sans esthétique, sans parti pris, sans fil rouge, il n’y a pas de mode. Il y a des produits, des biens de consommation.
La mode représente bien plus que ça, c’est ce qui la rend si profonde et intéressante, reflet des mutations sociales d’un siècle ou d’une décennie, d’un sentiment collectif d’appartenance, et reflet de l’individualité de chacun avec ses forces et ses faiblesses.